Coach, consultante, formatrice et auteure, ses expertises se situent dans de nombreux domaines au centre desquels se trouve l’être humain dans son fonctionnement, ses motivations, ses interactions avec ses semblables.

Pour Marie-Claire Fagioli, aider une personne vers l’accomplissement et le mieux-être, l’amener à clarifier des situations complexes, à progresser et à se découvrir dans son essence est en quelque sorte sa raison de vivre. Dans une entreprise, elle analyse la situation actuelle et propose les chemins pour y remédier et rétablir l’harmonie entre les collaborateurs.

 

Votre carrière est pour le moins étonnante : après des études juridiques, en criminologie, vous créez et dirigez des entreprises, pour finalement devenir thérapeute, coach et formatrice. Etrange parcours, non ?

MCF: J’ai été manager par accident, pendant une dizaine d’années. En fait, la seule chose qui m’intéresse, c’est l’être humain ! A la base, j’avais vraiment envie de devenir psychanalyste, d’écouter quelqu’un parler de lui, de sa vie, de ses émotions, de ses questionnements, etc. Mais, pour des raisons économiques, j’ai opté pour le droit, parce que la formation de psychanalyste se terminait vers 32-33 ans (aux études, il convient d’ajouter quelque cinq ans pour sa propre psychanalyse). Le droit permettait aussi de s’occuper des gens, d’entrer dans leur vie. J’ai commencé par prodiguer des conseils juridiques, ce qui me permettait d’être confrontée aux problèmes humains, de tester et surtout de comprendre comment les gens vivent, d’apporter mon aide pour qu’ils résolvent leurs problèmes et sortent de situations difficiles.

 

Au conseil juridique, j’ai ajouté la formation d’adultes (à la communication, à la gestion du temps, à la créativité, aux relations humaines), ce qui correspond à ma passion de transmettre. Cela m’a  amenée à intervenir dans les entreprises pour résoudre des conflits ou mener des enquêtes de satisfaction, et construire des équipes. Le conseil juridique m’a également conduite à fonder l’Institut pour la création d’entreprise pour aider les gens (généralement au chômage) qui souhaitaient se mettre à leur compte, afin qu’ils fassent les démarches dans le bon ordre et qu’ils réussissent dans leur entreprise.

 

Me voilà donc cheffe d’entreprise, avec plusieurs consultants, plusieurs formateurs (une douzaine de personnes). Cette tranche de ma vie professionnelle a duré huit ans, jusqu’à ce que le chômage baisse beaucoup (2001) et que les ORP ne nous envoient plus de candidats. Conséquences : cessation d’activité, dissolution du groupe.

 

Dès lors, j’ai rebondi dans les domaines où j’étais experte : formation au métier de patron, de leader. Comment créer une équipe qui fonctionne, comment gérer son propre équilibre de vie, comment résoudre ses problèmes et atteindre ses objectifs. Donc, du coaching, puisqu’on définit souvent le coaching comme l’accompagnement d’une personne ou d’une équipe dans une période de changement.

 

Pour le coaching, j’utilise la méthode d’Analyse Transactionnelle comme base de travail. Cependant, des questions, telles que pourquoi certaines personnes comprennent les choses de manière différente, pourquoi leurs réactions peuvent être diamétralement opposées devant une situation donnée, restaient sans réponse. En Analyse Transactionnelle, on se heurte au « pourquoi ça marche avec certaines personnes et d’autres voient le contraire de ce qu’on attend ? », « pourquoi des gens ont des réactions déroutantes ? ». Je voulais comprendre. Et là, j’ai entendu parler d’ennéagramme. Cela m’a apporté les explications qui me manquaient, cela m’a révélé les ressorts profonds des comportements humains. Et comme j’aime transmettre, j’ai ouvert un institut de formation au coaching et à l’ennéagramme.

 

L’ennéagramme, à vous entendre, semble presque magique. Pour qui est-ce utile ? A qui le recommanderiez-vous ?

MCF: Il convient ici de préciser qu’il s’agit d’une méthode ancienne de connaissance de soi, transmise à travers les siècles par tradition orale. La psychologie moderne l’a affinée. Son utilité dans le domaine des ressources humaines est de plus en plus reconnue. Elle a défini neuf types de personnalité, composé chacun d’un ensemble cohérent de caractéristiques.

 

Sachant cela, je recommanderais l’ennéagramme à tous ceux qui ont  sincèrement envie de se connaître eux-mêmes , souvent dans un but de changement, à ceux qui sont capables de porter un regard lucide et courageux sur eux-mêmes. Ceux qui se fuient et qui n’ont pas envie de savoir vont abandonner. Il faut une volonté, même si ça ne fait pas toujours plaisir.

 

Face au scepticisme d’une personne, que lui diriez-vous ?

MCF: Je ne cherche pas à convaincre à tout prix. Le scepticisme est souvent une façon de se protéger contre des vérités qu’on n’est pas prêt à entendre. Il faut laisser aux gens du temps, ils viendront à l’ennéagramme quand ce sera le moment pour eux.

 

Pouvez-vous partager quelques expériences marquantes que vous avez vécues ?

MCF: Donner des exemples vécus, c’est délicat. Je peux quand même en citer deux :

Premièrement, la situation d’un jeune homme dont le patron avait reçu des plaintes de clients disant qu’il était agressif et arrogant au téléphone. Le patron s’est adressé à moi pour que j’apprenne à ce jeune homme à être aimable au téléphone. Grâce à la découverte de son profil ennéagramme, cet employé a très rapidement cessé d’être arrogant et agressif au téléphone, simplement parce qu’il a compris qu’il était de type 1 (dit le perfectionniste) et qu’il avait à faire à des interlocuteurs qui ne l’étaient pas. Donc, les réponses qu’ils lui faisaient ou les formulaires qu’ils remplissaient étaient pleins d’inexactitudes. Il avait essayé de leur demander de mieux faire, sans succès. Finalement, il était rempli de colère face à ces gens qui ne se donnaient pas de peine. Il a conclu tout seul qu’il avait des exigences vis-à-vis de ses interlocuteurs et que ces gens ne pouvaient pas y répondre parce qu’ils n’étaient pas comme lui et que c’était inutile qu’il soit en colère contre eux. Donc, on a trouvé les moyens, grâce à l’ennéagramme, de faire évoluer la relation entre lui et ses interlocuteurs.

 

Deuxième exemple, celui du chef d’une petite entreprise qui engageait des personnes en leur disant qu’il aimait les gens qui prennent des initiatives et qui sont motivés. Il leur faisait aussi miroiter qu’ils occuperaient une place importante où ils pourraient avoir des responsabilités… Il le disait sincèrement. Après 6 ou 12 mois, il était déçu et avait l’impression que les employés ne s’impliquaient pas et qu’ils n’étaient pas autonomes. J’ai commencé par déterminer le type ennéagramme de ce chef d’entreprise. Il était du type 3 : le battant, le leader, celui qui a plein d’enthousiasme, avec de bonnes idées et axé sur la réussite, qui n’a pas beaucoup de patience envers les autres. Donc, dès que ces nouveaux collaborateurs se trouvaient devant un problème, au lieu de prendre le temps de leur faire trouver la solution, il disait : « Laisse, je ferai ». Il aurait dû les coacher, mais il était pressé et faisait tout tout seul, ce qui évidemment décourage les initiatives. Il faut comprendre son ressort caché : il voulait que ça avance et que ça avance vite. Il s’est rendu compte que c’était lui qui créait la situation.

 

Comment est-ce qu’une personne peut trouver un thérapeute adapté à ses problèmes ?

MCF: Internet est une bonne source d’informations. Il faut chercher des définitions, identifier le trouble et voir quelle médecine est adaptée. Prendre le temps de naviguer de branche en branche, faire du tourisme, tâtonner. La vie réelle aussi nous met en contact avec des pistes, le bouche-à-oreille fonctionne bien.

Deux chemins :

Approche par thérapie : chercher une thérapie et étudier à quoi elle est adaptée.

Approche par thérapeute : il convient de rencontrer quelqu’un en qui on a confiance. Un conseil : choisir des thérapeutes qui ont plusieurs spécialités, parce que leur approche se basera sur l’une ou l’autre thérapie pour vous.

Un critère obligatoire pour qu’une thérapie fonctionne, c’est qu’il y ait un lien de confiance entre le thérapeute et son client.

 

Comment vous ressourcez-vous ?

MCF: Pourquoi se ressourcer ? Travailler est-ce épuisant ? Je fais partie des personnes qui, plus elles sont actives, plus elles sont en forme. Si j’ai beaucoup à faire, je ne suis pas stressée. Etant donné que mon activité professionnelle est en même temps mon principal intérêt dans la vie, je n’ai pas l’impression de travailler et je n’éprouve pas le besoin de me ressourcer !

 

Et il faut bien reconnaître que Marie-Claire Fagioli dégage une énergie intense et sereine à la fois !

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Entretien du 11 décembre 2017